LE CONVIVE
Voici un poème de Mario Mercier trouvé dans son livre : le Temple de l'Univers, (1986), qui propose de sortir d'une période de déprime en sept étapes :
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pff, je suis né dans un monde mortifère,
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j'ai pourtant de beaux rêves
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mais je ne suis qu'un peintre, fragile, sans Amour, en colère, isolé, sans amis et à qui rien ne ne réussit
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j'invite toutes mes joies naturelles
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je les magnifie à l’extrême
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il en résulte un enthousiasme formidable
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Je débouche sur une nouvelle opinion de moi (majuscule à Convive).
LE CONVIVE
à Clara, ma mère...
Il pleure, chante, rit
soupire et … disparaît.
LE CONVIVE
Au Banquet de la Vie, j'ai beaucoup mangé
beaucoup bu, beaucoup aimé, beaucoup ri
et beaucoup pleuré aussi
Mais qui se souviendra du convive que j'étais
au Banquet de la Vie
Revêtu d'une ombre de lumière que l'on dit
s'appeler chair
Et si fragile que même l'air du temps la gâte
et la fait tomber en poussière
Jadis mon âme s'était égarée sur la planète
Terre où errent ces formes pensives de misère
auxquelles on donne le nom d'hommes
Formes de sang bourdonnantes assignées à livrer
aux moulins des cimetières de vives moissons
d'années
En ce temps là j'étais un grain mortel
perdu parmi des myriades de grains mortels
Attendant la moisissure du temps qui sur tout
coulait sinistrement
Et pourtant bien qu'étant fait de rien
je connaissais la portée de mes faims
Faims de sources et de vérités
Faims d'étés enchantés et de forêts
hantées par de profonds secrets
Faims d'éternité enfin
car je concevais le ciel comme un palais sans fin
aux colonnes de silence
Un palais d'amitié où règne le Grand Etre
d'Ether
Qui chante dans ses lumières et pleure
dans les pierres
Mais je n'étais qu'un faiseur d'images et
avec mes pinceaux trempés dans la sève des nuages
Je peignais de mes songes les plumages
et les ramages signés de la signature des orages
Je n'avais comme frontière entre moi et mon cri
qu'un peu d'os et de sang, d'artères et de chair
Et je n'avais plus gardé de l'Amour
que cette douleur de velours
couleur de tous les jours
J'étais en somme une morsure à la courbure
de brûlure
Une clôture semée de piquets d'azur
Et je fuyais épouvanté les jardins des regrets
où se fanaient les aubes de ceux que j'avais aimés
Mes plus beaux domaines se désenchantaient
lorsqu'ils étaient aux libertés du vent livrés
Et pourtant j'avais gardé en moi cette terre d'or
Cet éclat de terre que jamais personne n'avait
visité
Et là sous un dais d'astres purs avec tous ceux
que j'avais été, que j'étais, et que je serai
Nous donnions des fêtes où toutes les Joies
d'une Vie avaient été invitées
La Joie de créer au regard d'arc-en-ciel
La Joie de chanter à la gorge de lumière modelée
La Joie de voir et de comprendre le regard
et le sang tout d'oiseaux blasonnés
La Joie de savoir et d'apprendre le corps couvert
de clefs en fils d'or sonore
La Joie de prier le front fait de toutes
les poussières des chemins amassées
La Joie de combatte et de battre
La Joie d'être sage et sagace
La Joie de rêver et de s'abandonner
La Joie de livrer et de délivrer
La Joie d'être en bonne santé et de durer
La Joie de ressusciter à tout moment de la journée
Et c'est avec toutes ces Joies invitées
filles de moi-même et mères de mes univers
que nous allions danser la ronde de notre
plus bel été
Et nous étions tous réunis autour d'une grande
table dressée
Où des mets divins avaient été disposés
par les mains sacrées des servantes fées
dont les yeux étaient des vergers pour rêver
Sur de longs plateaux d'argent s'étalaient
en friandises adorées
Toutes les pensées des cieux émerveillés
que nous avions trouvées avec au cœur
cette formidable soif d'intensité
Dans des coupes de diamants murmuraient
des vins dont le parfum jamais ne s'éteint
Et sous les rires de tous ceux que j'avais été
de tous ceux que j'étais et que je serai
Nous nous enivrions de ce lait tombé du front
des soleils exaltés
Ah que mon esprit s'éperde et qu'il devienne
une joie de flammes vives faite de toutes
les flammes qui en ce monde ont dansé
Et que mon âme soit le lit sacré de l'espace
et que coule en méandres d'étoiles
Cette liberté de lumière qu'on appelle
la Vie
Oui
Au Banquet de la Vie, j'ai beaucoup mangé
beaucoup bu, beaucoup aimé, beaucoup ri
et beaucoup pleuré aussi
Mais qui se souviendra du Convive que j'étais
au Banquet de la Vie
Qui
Si ce n'est cette Femme dont le nom
plein de mystère ne saurait se taire
et qui est
Poésie